Exercice d'agilité

À l'autre bout du territoire des geysers, je m'entrainai à l'épée.
Étant déjà bonne, ça n'aurait pas dû être si dur, mais je me poussai à bout.
J'étais entourée de puissants jets d'eau et je les tranchais tous, un par un, le plus vite possible avec le tranchant de ma lame.
Puisqu'ils étaient de plus en plus nombreux, je devais m'activer pour tous les toucher avant qu'ils ne rejoigne le sol.
Mes coups d'épée étaient fluides, agiles et efficaces.
Bientôt, je vins à bout des geysers, mais toujours, d'autres sortaient de terre pour prendre la place des autres.
Je m'entraînai ainsi pendant près de deux heures.
Quand j'en eu marre, je décidai de repartir pour prendre une pause, cet endroit n'étant pas vraiment recommandé pour ça.
Quand je voulu sortir du cercle que formait les geysers, je m'aperçut que j'en étais incapable.
J'étais prisonnière!
Quoi que... peut-être pas.
Si je parvenais à tous les trancher d'un seul coup, j'aurais un maximum de trois secondes pour sortir de ce cercle infernal.
Cela semblait peut-être surréaliste.
Mais je le fis.
Je fis un long mouvement de bras circulaire qui les trancha tous tout net.
Puis, sans demander mon reste, je plongeai par en avant et fis une culbute, évitant de justesse les jets des geysers.
Je soupirai de soulagement puis m'avançai dans cette plaine presque dangereuse.
J'évitai habilement les jets d'eau et réussie finalement à faire une courte distance sans être arrosée.
Je bandai mon arc, m'accordai une petite pause puis me remie en marche, plus confiante cette fois.

J'aperçus soudainement une autre guerrière avec une lance.
Elle me saluait de la main.
Je me crispai, puis j'empoignai fermement la garde de mon épée.
En cas de recours, je l'aurais proche de moi.
Je m'avancai et m'arrêtai à une distance respectable de l'autre.
Que faisait-elle ici?
Je me placai en position d'attaque, tandis que le vent s'engouffrait dans mes cheveux libres.
Je resplendissais d'une force tranquille et d'une parfaite maîtrise de moi.
Je venais tout juste de m'entraîner, j'étais donc prête pour le combat.
Je fixai mon adversaire droit dans les yeux, ne me laissant pas démonter par son regard franc.
Mon armure légère, faite pour moi, scintillait sous le soleil de cette belle journée ni trop chaude ni trop froide.
Je me crispai, puis relâchai mes muscles pour les réveiller.
Je pris de grandes et profondes respirations.
Mes bras se tendirent devant moi, pointant l'autre guerrière du bout de mon épée, la défiant du regard.
Je fermai les yeux un instant, puis les rouvrit.
Je rassemblai ma concentration.
Puis, sans aucun avertissement, je levai mon épée et, d'un grand mouvement fluide, je la lançai vers la guerrière.
Enfin, non.
Pas tout à fait.
Au dernier moment, je stoppai mon mouvement et rabaissai mon épée.
Si elle m'attaquait maintenant, je serais totalement vulnérable.
Mais je ne relevai pas mon épée.
Mais pourquoi?
Pourquoi?
Parce qu'au fond de moi, je devinai la vérité sur elle.
Je la décelais dans ses yeux noisettes pétillant d'intelligence et de curiosité.

Je vis la guerrière s'éloigner de moi, puis s'asseoir sur un rocher plus loin.
Je ne pu m'empêcher de penser qu'elle avait de bons réflexes.
Je détaillais ses armes.
Un arc, un très bel arc, d'ailleurs.
Très bien fait, sans aucune irégularité.
Sculpté dans un bois plutôt sombre.
Un arc magnifique.
Et, venant de moi, un tel compliment était rare, étant donné que je m'y connaissais plutôt bien en arc.
Puis mon regard alla vers sa lance.
Manifestement, elle était brillante là-dedans.
Fait dans le même bois sombre que son arc, sa lance avait l'air à tout épreuve.
Elle était plutôt grande, élancée et paraissait prête à fendre l'air à la vitesse de la lumière.
C'était vraiment une très belle lance.
Et, bien que je m'y connaissais moins en lance qu'en arc, je ne pouvait qu'être impressionnée par le travail élégant et délicat qui avait donné ces deux armes de choix.
Elle était sans doute aussi bonne sculpteuse que moi...
Je l'observai attentivement.
Un mouvement en contre-bas me fit lever la tête.
Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines.
Là-bas, camouflé derrière un rocher, un archer semblait se tenir près à décocher une flèche.
Et la cible n'était nulle autre que la jeune femme guerrière assise sur un rocher.
Manifestement, celle-ci n'avait rien remarqué.
L'archer banda son arc...
Il ne me restait plus beaucoup de temps...
Oh, que faire, que faire...
Les pensées se bousculaient dans ma tête à une vitesse inimaginable.
La plupart n'était que de petits flashs bref, mais une me frappa de plein fouet.
Tout d'un coup, je su ce que j'allais faire...
Je dégainai mon arc à une vitesse stupéfiante.
Je pris une flèche.
Ma plus pointue, la mieux réussie.
...Et l'archer décocha sa flèche.
La suite se passa si vite qu'elle en resta floue.
Néammoins, tout ce qui se déroula me parvint très clairement.
Comme dans un rêve, je pris ma flèche et bandai mon arc à une vitesse que je n'avais jamais cru atteindre.
Je vis la flèche de l'autre archer faire un arc dans les airs, prête à se planter droit dans le coeur de la jeune guerrière.
Dans un millième de seconde, il serait trop tard.
Tout devait être calculé soigneusement, car sinon, ça serait la jeune guerrière qui payerait de sa vie...
Tout reposait sur moi, maintenant.
J'étais sa seule chance.
Ma flèche s'envola gracieusement dans les airs, elle aussi.
Elle décrivit un arc parfait dans les airs.
Je retins mon souffle...
Ma flèche alla se piquer droit sur le manche de l'autre flèche, et l'emporta dans sa direction.
Elle alla se ficher dans le sol, l'autre flèche toujours prise avec elle.
Je restai immobile un court instant, puis m'agenouillai sur le sol.
Je pris de profondes inspirations.
Je ne pus réprimer le sourire de satisfaction, de soulagement et de fierté qui s'afficha sur mes lèvres.
J'avais réussie!

J'observais la jeune femme à qui je venais de sauver la vie.
-Tu n'as rien? demandais-je.
Elle avait l'air éprouvé.
Ce qui était plutôt normal, quand on voit la mort de si près.
Je l'observai attentivement, en la fixant de mon regard émeraude.
Elle était forte, elle s'en sortirait.
Je me relevai et lui fis un petit sourire.
-Non, tu ne peux pas me demander mon nom, lui dis-je avec malice. Je te le dirai plus tard, quand nous nous serons occupé des choses plus importantes.
Je parcourut l'étendue des geysers du regard.
-Par exemple, l'endroit où est passé l'archer mystérieux, repris-je.
Il fallait que nous le retrouvions.
Ou alors, nous serions en danger immédiat partout où nous irons...
Je pris mon arc et le déposai sur mon épaule, tout en invitant l'autre jeune femme à faire de même.
-Il faudra faire bien attention, et faire preuve de prudence. Il y va de nos vies.
Puis je commencai à marcher résolument vers l'endroit où était l'archer quand il a tiré sa flèche mortelle.

Je la regardai du coin de l'oeil.
-Non, je ne l'ai pas vu, répondis-je lentement. Mais c'est toujours à l'endroit d'où il est partit qu'il faut commencer à chercher. S'il a décidé de fuir, c'est forcément de là qu'il a commencé la fuite.
Elle semblait intelligente.
Elle avait encore des choses à apprendre, comme moi ; mais ça viendrait...
Je lui fis un bref sourire avant de lever mes yeux vers l'horizon.
-Il ne doit pas être bien loin.
Je refusais de penser à ce qui adviendrait quand nous le retrouverions.
Il faudrait le tuer, bien sûr.
C'était trop dangereux pour nous de le laisser en vie.
-Ne t'inquiète pas, dis-je à la jeune femme qui marchait à mes côtés. Nous le retrouverons.
Je continuais à marcher, infatiguable.
De toute manière, nous ne pourrions pas nous reposer avant de l'avoir retrouvé.

-Est-ce qu'il y a des êtres magiques par ici?
J'entendis cette question et eus un sourire satisfait.
Elle avait envie d'apprendre.
Ça aussi, c'était intéressant.
Je pris quelques secondes pour réfléchir avant de dire:
-Bien sûr. La preuve.
Sur ces mots, je levai les deux bras vers le ciel.
Deux tourbillons argentés sortirent de mes mains et enveloppèrent mon corps dans un tourbillon.
C'était du vent.
-C'est épuisant, utiliser ses pouvoirs. Nous ne pouvons donc pas les utiliser si souvent, et il est conseillé de les utiliser uniquement quand nous en avons vraiment besoin ou quand nous n'avons pas le choix.
Je l'observai, tandis que tout mon être était tendu, cherchant à repérer l'archer.
Nous arrivâme enfin vers l'endroit d'où l'archer avait disparu.
Je me tint parfaitement immobile, les bras le long du corps, en espérant qu'une trace ou un indice viendrait à moi.
Puis, je commencai à m'avancer vers le rocher qui avait camouflé l'archer, les sens aux aguets.